Y en aura pas pour tout le monde...

Marcelle, la belle blonde au marché du centre ville de La Rochelle s’est levée à trois heures ce matin, comme tous les mardis, vendredis et samedis de l’année, depuis quinze ans elle connaît la musique...

Par-dessus une salopette jaune qui moule bien ses formes, elle a mis un petit tablier tout propre de blanc. Il est 10 heure 30 debout derrière son étal, ce brin de femme d’une cinquantaine de kilos pour environ 1 mètre 60, pleine d’énergie active ses petites mains parées d’une demi-douzaine de bagouzes en or. En ce beau samedi matin ensoleillé de juin, Marcelle avec ses yeux bleus sait y faire, même la glace pilée qui garnit son étal l’aide à la rendre encore plus rayonnante, en lui teintant les joues en rose, dont sa peau bronzée n’a vu guère plus de trente cinq étés. Le flot de promeneurs s’amplifie la voix de la belle aussi, maintenant elle s’époumone en chantant : « Il est beau mon cabillaud..., il est frais mon rouget..., et y en aura pas pour tout le monde... ».

Effectivement, Marcelle elle compte pas si bien dire, car depuis plus de dix ans son poisson ce ne sont plus les petits pêcheurs côtiers qui le capturent, oui, il en reste encore quelques-uns qui survivent, mais une autre flambée du carburant en aura raison, vont aller rejoindre les milliers de collègues qui ont arrêté, devenant érémiste, après avoir mis les bateaux à la casse.

C’est que les océans ils commencent à se désertifier gravement.

Pourtant 71 % de la planète est recouverte d’eau, ça en fait de l’espace pour les poissons, hein ? 361 millions de kilomètres carrés. Seulement voilà annuellement 80 millions de tonnes sont pêchées, puis 72 % sont transformées en farine pour nourrir les animaux, dont les poissons d’élevage.

Actuellement plus de mille navires usines sillonnent, plus précisément, labourent 50 milles hectares par jour les fonds marins, ces grands chalutiers bousillent littéralement tous ce qu’ils engouffrent, les dauphins et autres poissons indésirable sont rejetés par-dessus bord. Evidemment morts ! Vous avez de ces questions !

La technologie embarquée doit permettre d’éviter ces prises dites, « accidentelles ». Bah voyons, elle est surtout performante pour repérer les bancs de poissons, c’est quand même pas des bateaux du genre rafiot à rentrer bredouille !

De nos jours une bonne majorité de ces navires pillent, avec l’aide de juteuses subventions, les ressources halieutiques des pays les plus pauvre de notre planète, privant ainsi des dizaines de millions de petits pêcheurs qui depuis la nuit des temps, nourrissent leur famille en ramenant du poisson avec de frêle pirogues à rames. Car dans la plupart de ces pays, l’unique nourriture vient de l’océan. (Avec ça, si y en a qui comprennent toujours pas certains flux migratoires ! ! !)

Là aussi il faudrait réagir, pourtant simple ! Un moratoire, visant à limiter sérieusement la pêche aux chaluts à grande ouverture verticale. De plus la mise en application d’une telle mesure engendrerait 2 fois plus d’emplois pour la surveillance, à contrario de ce que procure la pêche industrielle, et coûterait 2 fois moins chère que les subventions allouées à cette forme de pêcherie. Cherchez l’erreur ?...

Si de manger du poisson rend intelligent, ça se saurait depuis le temps ! Non ?

Et sous peu faute de poisson, résonnera sous les arcades et dans les ruelles de La Rochelle, la voix chantante de Marcelle : « il est beau..., y en du gros..., du fin..., du bien blanc..., du gris..., c’est du bon..., mon sel marin et y en aura pour tout le monde » ... ! ! !
Michel.

Malheureusement, sur l'ensemble de la surface océanique, les poissons ne sont pas en proportions équivalentes... Aux abords des côtes, les nutriments sont très nombrux permettant la prolifération de très nombreuses espèces. Au large, les espèces sont beaucoup moins nombreuses, la nourriture plus rare et ce que font les chalutiers en haute mer est malheureusement suicidaire pour tout l'eco-système des océans !!!

comme te voilà poétique, tip top, à parler ainsi de marcelle!!!