Déménageant prochainement, j'ai décidé de rendre mon appartement dans un état correct. Ce qui implique de le repeindre.
Si vous voulez une excellente raison d'arrêter de fumer, j'en ai une : pensez au jour où vous devrez déménager. Parce que la fumée de cigarette laisse sur les murs et les plafonds des traces jaunâtres du plus mauvais effet.
Donc pour camoufler mon vice, j'ai entrepris des travaux de peinture. Sauf que je n'ai pas encore déménagé. Et qu'en raison de l'exiguïté des lieux il est impossible de déplacer intégralement tous les meubles d'une pièce dans une autre
.
Donc, je prend ma bâche je la dépose le mieux que je peux sur le sol. Je pose dessus mon pot de peinture qui pèse un âne mort. J'arrive à l'ouvrir sans dommage, ce qui me confère une énorme assurance. Tout ça n'est qu'un jeu d'enfant.
Sauf qu'il faudrait que je mette cette peinture dans le seau. Ainsi je pourrais la transporter facilement. Mais voilà je n'arrive pas à soulever et verser. Trop lourd. Pas grave.
Je prend la peinture avec mon pinceau que je dépose délicatement sur le couvercle qui me servira de palette. Et je me souviens que je ne mesure que 1,60m et demi. Me faut un escabeau. Sauf que l'escabeau est dans la cuisine, moi dans le salon. Je pose ma palette, enjambe les trucs et machins divers repoussés au milieu de la pièce.
Revenir avec l'escabeau en aluminium est un peu plus compliqué. Ouf j'arrive. Paf ! Le pied sur la palette improvisée. Le rouleau d'essuie-tout est dans la cuisine. On fera sans. Je reprend de la peinture, la dépose sur la palette et part à l'assaut de mon mur. Non sans avoir laissé l'empreinte de mon pied droit sur la bâche.
J'ai à peine recouvert 15 cm2 que je n'ai plus de peinture. Les aller et retour se succèdent. Pour poursuivre le long du plafond, il me faut déplacer l'escabeau. Je me rapproche dangereusement du pot de peinture.
Pas de souci, je veillerai à bien l'éviter en redescendant de l'escabeau. Résultat je me cogne dessus. Je lâche le pinceau qui mu par une force insoupçonnée part comme une flèche en direction de la partie du salon qui n'est pas protègée et va s'écraser non sans libèrer une ravissante gerbe de peinture blanche.
C'est fou ce qu'un pinceau peut contenir de peinture dès que vous ne l'avez plus en main. A croire qu'il est constitué de poils de hamster et qu'il en a conservé la capacité à faire des réserves.
Bon, pas de souci, ça se nettoie à l'eau. Mais il faut intervenir rapidement. Je file donc en cuisine chercher de quoi réparer les dégâts. Sauf que si la peinture sèche vite au mur, elle met considérablement plus de temps sur le pied droit.
On verra plus tard. Je nettoie mon salon. Il ne reste plus une trace. Sauf celles de mon pied qui attendront, vive le carrelage. Après tout ça j'ai bien mérité une petite cigarette. Direction le bureau comme ça je pourrai consulter Internet en même temps. Je considère que depuis une heure et demie j'ai quand même réalisé une très jolie frise blanche sur un coin de mon salon. Ne reste plus que... Oublions, sinon, je ne m'y remettrais jamais.
Allez courage, j'y retourne. Et là, sur le noir du Skaï du fauteuil une énorme trace blanche. Comment aurais-je pu prévoir que j'arriverai à me cloquer de la peinture sur le derrière
Le malheur réparé, j'entame le gros du chantier : le plafond. Mon rouleau arrimé à la perche, je le roule sur la peinture. Mais il faut ensuite remonter tout ça pour atteindre les hauteurs. Et là on se rend compte que la peinture qui ne coule pas, coule. Et pas n'importe où. La peinture est vicieuse. Elle vous atterrit directement sur la figure.
"Surtout il faut bien croiser pour ne pas laisser de traces" qu'il avait dit le Monsieur Bricolage. Si tu crois que c'est facile avec la perche ! Sans compter qu'à force de marcher sur la bâche on croirait une reconstitution de la création du relief dans les Alpes. Et puis m... je n'ai pas la place de "croiser".
En plus les murs sont dans une sorte de crépi. Vous savez le revêtement qui a le chic pour vous griffer quand vous vous cognez. Avec le rouleau, ça fait l'effet d'un vaporisateur. Mes lunettes sont couvertes de paillettes blanche.
J'en ai assez. Fini la peinture pour aujourd'hui. Je range mon matériel. Replie comme je le peux la bâche, qui le temps de son transport relâchera en douce une multitude de confettis de peinture sèchée. Chouette ! J'avais justement une irrésistible envie de passer l'aspirateur.
Je décide de laver mes pauvres mains qui sont blanches jusqu'au bout des ongles. C'est alors que la glace de la salle de bain me révèle une prim'holstein.
La peinture a bien séché, il faut un temps fou sous la douche pour enlever toutes les traces. Surtout sur la plante des pieds où une sorte de corne de peinture s'est formée. Enfin propre, je constate qu'il en reste. Plein. Une constellation de petites pois blancs sur ma serviette.
Hop ! sous l'eau le tissu éponge. Le moment que choisit la peinture, demeurée jusque là accrochée sur mes ongles comme la moule à son rocher, pour prendre son indépendance. Laver un drap de bain à la main n'est pas une mince affaire...
Résultat : un quart de mon salon a retrouvé une relative allure et je commence à me demander, si finalement le poivre-et-sel ne serait pas une couleur à tenter, vu que j'ai tout plein de cheveux blancs.
Et le pire c'est que j'ai du continuer...