Petit Futé sur l'Algérie

"Régulièrement, la presse se fait l'écho de maltraitances mais rien n'y fait et il est toujours normal pour un homme algérien de lever la main sur sa femme, sa petite amie, sa fille, sa soeur, etc...". Cette phrase, qui figure noir sur blanc dans "Le Petit Futé" sur l'Algérie, a été fustigée le 23 août dernier par El-Watan, quotidien algérien, qui a écrit un article outré sur le guide de voyage.

"Ce guide a plus de deux ans, c'est sa quatrième édition, il a été relu par nous et validé par le bureau de la censure des autorités algériennes..., répond le directeur de la collection, Jean-Paul Labourdette, dans Rue89. "Je ne comprends pas bien pourquoi El-Watan fait cette polémique aujourd'hui."

Jean-Paul Labourdette endosse l'intégralité des extraits dénoncés par El Watan, notamment: "L'idéologie islamiste a complètement assombri le regard des hommes sur les femmes. On voit, mais on ne connaît pas la femme. On ignore ou on en veut à celle qui par sa seule existence vous attirera dans les filets du mal. Comme ailleurs, et peut-être plus qu'ailleurs, les femmes sont souvent rabaissées, voire battues..."

"Ça n'a rien de stigmatisant", répond le patron du Petit Futé. "Je ne vois pas pourquoi l'auteur n'aurait pas le droit d'écrire l'analyse qu'il fait de la société algérienne telle qu'il l'a ressentie." À l'occasion de la cinquième édition, "deux ou trois phrases seront peut-être modifiées, précise quand même le patron du guide.

Les articles d'El-Watan:
http://www.elwatan.com/actualite/feroce-attaque-contre-la-destination-algerie-par-le-petit-fute-24-08-2010-87315_109.php

http://www.elwatan.com/actualite/le-petit-fute-et-la-destination-algerie-grande-polemique-sur-la-toile-28-08-2010-87885_109.php

Le guide du Petit Futé consacré à l'Algérie, est consultable en ligne en cliquant ici:
http://books.google.fr/books?id=Pt9-5sbgUjMC&printsec=frontcover&dq=petit+fut%C3%A9+alg%C3%A9rie&hl=fr&ei=EBx4TKbML4GSswayv9CyDQ&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=1&ved=0CC8Q6AEwAA#v=onepage&q&f=false

(Sources: Rue89, El Watan, Paris Match)

Comme les françaises en France entre 40 et 45, les algériennes ont énormément contribué à l'indépendance de l'Algérie, avec courage et abnégation, contre les forces françaises. Je respecte cela profondément.

L'indépendance acquise, les vieilles forces tribales, soutenues par les imams, ont remis les femmes "à leur place": dès 63-64, voile au moins partiel, affichage devant tous et toutes du drap taché de sang le lendemain du mariage, retour à la maison avec autorisation de sortir obligatoirement émise par un mâle de la famille, puis roustes si elles étaient soupçonnées de prendre la pilule à partir des années 70, même dans des familles aisées.

J'y étais au début des années 80, et j'ai pu constater à quel point les jeunes algériennes un peu affranchies paniquaient et voulaient absolument trouver un mari français ou en tout cas non-algérien pour échapper à tout ça.
J'ai eu dans ma classe une fille de 19 ans, excellente élève, non voilée.
Elle a pleuré pendant une semaine, couverte de bleus sur le visage, et dorénavant voilée: la famille était venue de Sétif pour lui casser la gueule au sens strict, et la remettre dans le "droit" chemin.
En même temps, certains (peu) de mes élèves garçons me racontaient que des adultes leur disaient "on les aura par le nombre". Ils m'aimaient bien: ils m'appelaient 'Sheikh', parce que je faisais l'effort d'apprendre la langue algérienne, qui n'est pas de l'arabe au sens strict, et que je tenais ma classe sans jamais avoir besoin d'en référer à l'autorité supérieure. même si ce n'était pas toujours facile.

ça n'a fait qu'empirer avec l'islamisme des années 90, devant lequel le pouvoir algérien n'a pas reculé sur le plan militaire, mais a préféré donner des cautions en reculant sur le plan social, et sur le plan du droit des femmes en particulier.

Que les bonnes âmes réfléchissent bien à ce que j'ai écrit ci-dessus: c'est du vécu.
"on les aura par le nombre", mais qui donc????