Délinquance en Charente-Maritime

Il préfère voler son prochain que lui taper dessus et ne dédaigne pas à l'occasion l'escroquer, mais toujours en douceur. C'est le profil du délinquant moyen en Charente-Maritime, tel qu'il ressort des statistiques publiées par l'ONDRP (Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales).

Ses chiffres complètent et prolongent le bilan annuel départemental rendu public en janvier par la préfecture (« Sud Ouest » du 20 janvier). Ils mettent la Charente-Maritime en perspective à la fois dans l'espace (par rapport aux moyennes nationales) et dans le temps, avec l'évolution des résultats sur les six dernières années.

On constate ainsi que la délinquance dans le département reste au même niveau élevé. Que si les atteintes aux biens ont globalement baissé entre 2006 et 2011, il n'en va pas de même pour les vols (18 986 il y a six ans contre 18 753 en 2011, avec une pointe à 19 254 en 2010). Que les violences aux personnes ont augmenté de plus de 10 % dans le même temps, de 2 535 à 2 874. Et que les infractions économiques et financières sont toujours plus nombreuses : 4 316 en 2011 contre 3 463 en 2006. Et une hausse de 8,1 % entre 2010 et 2011.

C'est d'ailleurs l'une des spécialités de la Charente-Maritime. Abus de confiance et escroqueries y sont plus « tendance » qu'ailleurs, avec un taux de faits constatés de 7 pour 1 000 habitants, alors que la moyenne nationale est de 5,6. Ils ont même progressé de 23,3 % entre 2010 et 2011, un changement de procédure pouvant toutefois expliquer en partie cette explosion.

Les vols au plus haut
L'économie du département, fondée sur le tourisme et les services, se prête sans doute à ce genre de délits. En revanche, si les infractions à la législation du travail ont chuté de 40 % l'an dernier, on le doit sans doute moins à un soudain accès de vertu des employeurs maritimes qu'à la faiblesse des moyens de contrôle.

L'autre spécialité locale, c'est le vol. Les atteintes aux biens affichent un taux de 35,5 faits pour 1 000 habitants, soit 1,3 point de plus que la moyenne nationale. Si les vols de voitures (et dans les voitures) sont à la baisse, les cambriolages, eux, augmentent. Surtout dans les résidences principales : près de 2 000 en 2011 (+ 10,3 %). Curieusement, les maisons de vacances, qui sont au nombre de 73 000 dans le département et représentent 21 % du parc immobilier, sont relativement épargnées (349 faits l'an passé, - 3,3 %). Si la cible est plus facile, peut-être aussi est-elle moins rentable.

On notera enfin que les vols à l'étalage ont progressé de 14 % l'an dernier. Effet de la crise ? Ou de la vidéosurveillance qui équipe de plus en plus de commerces ?

Une année meurtrière
Le délinquant maritime n'est pas particulièrement violent. Enfin, plutôt moins qu'ailleurs. On a constaté 2 874 faits d'« atteintes volontaires à l'intégrité physique » en 2011, soit un taux de 4,7 pour 1 000 habitants contre 7,6 pour la France entière.

Un gros bémol, cependant. 2011 aura été particulièrement meurtrier, avec 22 homicides, tentatives d'homicides et coups mortels. C'est 13 de plus que l'année précédente. Et le nombre d'agressions sexuelles progresse de 23 %, à 150 faits.

Les viols, s'ils ont accusé l'an dernier une baisse sensible, sont toujours à un niveau préoccupant : 90, dont 48 sur mineur(e) s. Soit un tous les quatre jours. Et encore ne s'agit-il de la partie émergée de l'iceberg.