Jeumont

Avec les ciments, les hydrocarbures, les engrais et les terres rares, qu'est-ce qu'on vous met ? Quelques tonnes d'explosifs ? L'annonce légale, publié par « Sud Ouest », a dû faire bondir plus d'un Rochelais du côté de la Pallice et Laleu. On y lit que la direction nationale de la Sécurité civile a déposé, auprès de la préfecture, « une demande d'enregistrement au titre des installations classées concernant l'exploitation d'un stockage d'explosifs » situé au camp de Jeumont, à la frontière du Grand Port maritime de la Pallice.

La préfecture est aux abonnés absents pour cause de pont du 14 Juillet. Le sous-préfet de permanence n'est pas au courant. « Peut-être s'agit-il d'entreposer des fusées de feu d'artifice ? » hasarde-t-il.

Pas plus d'information du côté de la mairie où Maxime Bono, toutefois, s'inquiète : « Puisqu'il y a enquête publique, nous allons formuler une observation. On va regarder si un danger existe, si cet entrepôt est assez loin des habitations et quelles seront les contraintes. »

Des explosifs à la Pallice ? À deux pas des habitations ? Alors que l'administration multiplie les plans de prévention des risques technologiques dans l'ouest rochelais ? On en connaît, parmi les militants de l'association Respire, qui vont en avoir encore le souffle coupé. Selon la Sécurité civile, il ne s'agit pas de créer un nouveau dépôt mais d'en régulariser un ancien, au regard d'un changement de réglementation.

La Rochelle abrite l'un des 20 services de déminage qui dépendent du ministère de l'Intérieur. Sa demi-douzaine de spécialistes interviennent dans huit départements du Centre Ouest. Ils collectent bon an mal an entre 5 et 10 tonnes de matériel de guerre, obus, mines, munitions, principalement sur le littoral charentais, le long du Mur de l'Atlantique de sinistre mémoire.

La plupart sont désamorcés sur place puis stockés dans un blockhaus de l'avenue de Dunkerque, propriété du ministère. Mais d'autres, les plus gros, transitent par La Rochelle avant d'être détruits dans un camp militaire, dans la Creuse ou le Var. Avant, seuls les stockages de plus de 250 kilos d'explosifs relevaient de la législation sur les installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE). Depuis juillet 2010, la réglementation s'applique dès le premier gramme. Il faut donc mettre le dépôt rochelais en conformité avec les nouveaux textes. Le projet prévoirait également une extension des locaux occupés par le service de déminage. L'enquête publique se déroulera du 8 août au 4 septembre, en pleine torpeur estivale. Le dossier sera consultable en préfecture, ainsi qu'à la mairie de La Rochelle.