TipTop Administrateur
Nombre de messages : 4364 Localisation : La Rochelle Loisirs : informatique, vélo, balades, voile... Date d'inscription : 16/01/2006
| Sujet: La Voile Pourave Ven 25 Mar 2011, 13:27 | |
| - Citation :
- La voile pourave est un art de vivre. Un art de rendre son bateau sale, peu avenant, impropre à la navigation hauturière et franchement différent du bateau cannois standard.
L'objectif de la voile pourave est de faire de la voile une activité de miséreux, de geeks, d'ouvriers allumés et d'artistes ratés. Une fois cet objectif atteint, les riches plaisanciers auront honte de faire de la voile. Ils se rabattront sur leurs terrains de Golf et leur Porsche Cayenne, et c'est tant mieux. Du vent... - Citation :
- Ceux qui font un peu de plaisance l'ont forcément remarqué, le prix des places de port est de plus en plus cher. Il n'est pas rare aujourd'hui de payer de 10 à 20 euros en saison pour passer une nuit au port. Et comme d'habitude, c'est le consommateur de base qui casque. Ce sont les pauvres comme vous et moi (enfin moi en tous les cas) qui paient pour les riches. Donc, faisons un peu de lutte des classes ! Après tout, si les premiers systèmes d'assurance sociale sont nés sur mer, ce n'est peut-être pas un hasard...
Posons donc la question directement, comment faire pour rendre les ports abordables, ou carrément gratuits ? Certains vous diront que le meilleur moyen de rendre les ports pas chers, c'est de les privatiser. A défaut de pouvoir noyer ces imbéciles, crachez leur à la gueule, ils l'ont bien cherché. Passons donc sur ces néo-libéraux (ou néo-marxistes, je ne vois pas trop la différence) sans cervelle...
Un port de plaisance, ça a plusieurs utilités. Dressons rapidement la liste.
1. Ca permet de faire hiverner des bateaux, de stocker du capital, de l'entretenir. Les séjours sont alors très longs et les bateaux bougent peu, parfois jamais. Ce qui n'empêche pas que les bateaux sont parfois entretenus car ils sont souvent bichonnés par leurs propriétaires. Dans le même genre, ca peut servir de vitrine promotionnelle pour vendre des bateaux.
2. Ca permet d'avoir son bateau à portée de main pour aller faire des tours à la pêche ou des sorties à la journée.
3. Ca permet de faire des croisières. Dans ce cas, les séjours sont plutôt brefs. Le plaisancier fait du cabotage ou des longs séjours. Parfois, il reste plus d'un mois au port, parfois une journée.
4. Ca permet de vivre au port. Il y a pas mal de gens qui vivent dans les ports. Difficile de dire le pourcentage. Mais ça existe. Malheureusement, on manque de statistiques sur le sujet. Mais peut-être de 1 à ¨5% dans les gros ports.
5. Ca permet de s'abriter, de se ravitailler, etc.
La liste n'est sûrement pas exhaustive. Mais ce n'est pas le plus important. Ce qui pose le plus de problème dans un port, c'est la fonction 1. Ce sont les bateaux qui moisissent dans les quais parce qu'ils servent à stocker du capital. Pire, l'augmentation du coût des séjours brefs tend à renforcer la fonction 1 (ca devient ultra-cher de sortir ne serait-ce qu'une semaine) et à transférer de l'argent des plaisanciers qui aiment bouger (les plaisanciers qui utilisent réellement les ports) vers ceux qui stockent leur capital (dont les courtiers de bateaux). Autrement dit, nous payons en naviguant les détenteurs de capital, c'est à dire, les capitalistes. Le consommateur de base, le local, paye pour le capitaliste, souvent citadin qui utilise son bateau pour sa promotion sociale ou pour stocker son capital. Ce qui me paraît franchement anormal. Donc, question : comment faire pour pénaliser les pratiques de type 1 ? Je n'ai pas fait maths-sup, je l'avoue, mais je vais quand même essayer de réfléchir au problème.
Pour pénaliser les pratiques de type 1, la solution n'est pas compliquée, il faut mettre en place des tarifs fondés sur une logique inverse de celle qui existe à l'heure actuelle. Plutôt que de mettre en place des tarifs qui sont dégressifs avec le temps passé au port, il faut mettre en place des tarifs qui sont progressifs avec le temps passé au port. Autrement dit, le plaisancier qui reste un ou deux jours au port, ne devrait même pas avoir à payer le port. C'est du service public. En restant une semaine, il commencerait à payer un petit quelque chose. En restant à l'année, il douillerait un maximum. Le coût par jour augmenterait avec le nombre de jours passés au port. L'avantage, c'est qu'au moins les bateaux circuleraient. Cela pénaliserait l'immobilisme et inciterait à la mobilité. Bien entendu, il faudrait adapter les tarifs à la météo. Une météo difficile rendrait les départs impossibles et le plaisancier aurait donc droit à une période gratuite au port supplémentaire.
On peut toutefois faire remarquer qu'il faut bien stocker les bateaux quelque part. Et les plaisanciers n'y sont pour rien. Une solution pour résoudre ce problème serait de mettre en place un système d'incitation à la mobilité. Le coût à l'année serait diminué en fonction du nombre de sorties à l'année. Plus le bateau sortirait durant l'année, moins le coût de stockage dans le port serait élevé. Il y aurait un avantage à un tel système. C'est que les plaisanciers seraient incités à prêter leurs bateaux, au lieu de les laisser croupir dans les ports. Il seraient en quelque sorte rémunérés lorsqu'ils prêteraient gratuitement leur bateau. Ce qui permettrait à n'importe qui de faire du bateau. Donc, 1. cela permetterait de démocratiser la plaisance. 2. cela diminuerait le nombre de bateau achetés et par suite, le nombre de bateaux présents dans les ports. Ce qui décongestionnerait les ports. Ajoutons à cela que les bateaux circuleraient plus souvent, donc les ports seraient encore plus libérés (plus de bateaux dehors, moins dans les ports). C'est sûr, ça ne ferait pas plaisir à Janneau, Benneteau et cie, mais bon, on est pas là pour leur bonheur. C'est eux qui sont là pour notre bonheur.
Certes, on peut envisager le problème suivant. Des petits malins bougeraient leur bateau tout le temps pour éviter de payer des frais de port. Ils pourraient également payer des gens pour bouger leur bateau tous les deux ou trois jours. Fort heureusement, avec l'informatique, de tels comportements seraient vite repérés. Un type qui fait tout le temps la navette entre deux ports devrait se justifier. En ce qui concerne les gens qui sortent à la journée pour aller pêcher, le problème serait identique. Ils seraient incités à prêter leur bateau pour éviter d'encaisser un "coût d'immobilisme" trop important.
Concernant les gens qui habitent dans les ports. Comme ce sont souvent eux qui font vivre les ports, il faut éviter de les pénaliser. On pourrait donc imaginer des tarifs "spécial résidents", nettement moins élevés que les tarifs "stockage de capital" (ceux qui veulent stocker du capital peuvent le faire à sec). Il serait facile d'amener la preuve qu'on réside bien dans le port. L'intérêt d'un tel système serait de favoriser la location de bateaux à des résidents. Ce qui, au passage, ferait des ports des lieux de vie, et non plus des parcs à bateaux mornes et désolants.
Il est clair que des ports complètement gratuits n'arrangeraient rien. Les places de port sont limités. De ce fait, la gratuité des ports conduirait à étendre indéfiniement les ports, ce qui nuierait aux éco-systèmes côtiers, et ce qui serait tout simplement débile. Notons que la privatisation conduirait au même résultat. A l'inverse, un système de tarification progressif pénaliserait les riches plaisanciers qui se servent des ports comme espace de stockage pour montrer leurs gros bateaux à leurs copains parisiens. Ceux-là, qu'ils restent chez eux, ou qu'ils douillent. Ils n'ont qu'à naviguer sur la Seine. Avec un système de tarification progressive, les ports redeviendraient des lieux de vie, seraient progressivement désencombrés et réapproprié par les "locaux" et les amoureux de la mer. Or, c'est bien eux qui font vivre les ports. Voilà, voilà... Tout un programme et la suite est ici: http://voilepourave.over-blog.com/ | |
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