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| Sujet: La Mobilisation de l''Université Jeu 21 Mai 2009, 21:47 | |
| Ou pourquoi le campus de La Rochelle est passé à côté de la mobilisation des universités contre les réformes - Citation :
- Mi-mai, Gérard Blanchard, président de l'université de La Rochelle, s'est fâché tout rouge. La presse locale titrait sur "la reprise des cours", laissant entendre que l'établissement avait été affecté par la crise universitaire. "C'était tout simplement le retour des vacances de Pâques", s'amuse aujourd'hui M. Blanchard, qui avait envoyé un communiqué pour rectifier.
Car cette petite université pluridisciplinaire de 6 800 étudiants fait partie de celles qui sont passées à côté de la mobilisation engagée depuis quatre mois contre la loi sur l'autonomie. Sur ce campus planté de pins, tout le monde s'accorde : ici, il n'y a eu ni blocages, ni annulations de cours, ni fermeture administrative, même au plus fort de la mobilisation des enseignants-chercheurs et des étudiants.
"De février à mi-mars, deux fois par semaine, se sont tenues des assemblées générales à l'initiative d'une vingtaine d'étudiants de lettres. Au maximum il y avait 100 à 150 personnes", raconte Thomas Thimonier, élu étudiant de l'UNEF. Ici, l'UNEF et la Confédération étudiante sont les seules organisations représentées. SUD-Etudiants n'a jamais vraiment réussi à s'implanter.
Les cours ont seulement été interrompus une demi-journée pour permettre aux étudiants de suivre la journée de mobilisation nationale. Rien à voir donc avec l'ébullition des facultés bordelaises ou poitevines, ses plus proches voisines. Rien de comparable non plus avec la mobilisation contre le contrat première embauche (CPE), qui avait bloqué le campus pendant un mois et demi, début 2006. " Cette fois-ci, la mayonnaise n'a pas pris", reconnaît le professeur Jean-Marie Piot, directeur du département de biotechnologies, élu Snesup-FSU.
Arrivé à la création de l'établissement en 1993, M. Piot a en tête les années de lutte pour "la simple survie de l'université". De cette bataille originelle menée pour s'imposer dans le paysage national comme une université à part entière, La Rochelle a conservé une unité syndicale et le souci de ne pas casser ce qui a été âprement gagné. Car elle est fragile. Entre 2004 et 2008, le nombre d'étudiants a chuté de 8 %. "Un véritable électrochoc", souligne le président. A la rentrée 2008, pour la première fois depuis quatre ans, l'université avait réussi à regagner ses étudiants perdus.
Hostile aux réformes gouvernementales, M. Piot explique avoir mené son combat "à son niveau et dans le respect des étudiants" : "Je les ai informés, mais ce n'était pas à moi de leur dire ce qu'il fallait faire."
"Nous sommes une petite communauté, qui avait déjà fait un travail sur elle-même au moment du passage à l'autonomie le 1er janvier 2009, ajoute Francis Allard, professeur syndiqué à l'UNSA. Toutes ces discussions nous ont peut-être permis d'aborder de façon plus rationnelle les réformes." La proximité avec le président, élu sans difficulté, en avril 2008, sur un programme favorable à l'autonomie, a aussi levé certaines réticences.
" J'ai clairement dit que la modulation du service des enseignants-chercheurs était une bonne chose, et que je ne comptais pas l'utiliser comme une sanction, note Gérard Blanchard. Mes collègues ont été extrêmement responsables. Même les plus opposés aux réformes avaient le souci de ne pas nuire à l'université."
La "mastérisation" de la formation des maîtres, autre sujet de la mobilisation nationale, n'a pas suscité, ici, de grandes inquiétudes. "Beaucoup l'ont plutôt vue sous un jour positif, car aujourd'hui, un étudiant qui se destine à l'enseignement doit poursuivre ses études à Poitiers, alors qu'avec la réforme il pourra préparer son master d'enseignement à La Rochelle", explique Thomas Thimonier, de l'UNEF.
Le fort taux d'étudiants boursiers (34,8 %, dont 11,8 % à l'échelon le plus élevé) explique aussi les réticences de beaucoup à s'engager dans un combat qui risquait de compromettre leur année. Pragmatique, le président pense que le calme de son université pourrait "participer à son attractivité". Pour la rentrée 2009, La Rochelle a enregistré une augmentation des candidatures de 13 % par rapport à 2008. (Source Le Monde.fr) | |
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