Charlie Winston

Il débarque comme de nulle part : normal puisqu’il est un peu un hobo, ces travailleurs itinérants qui vont de petit job en petit job, ou qui flairent les combines, et posent rarement leurs valises longtemps quelque part. Vous en connaissez sûrement dans vos relations si vous fréquentez Bob Dylan ou Jack Kerouac.

Repéré par Peter Gabriel, qui lui a proposé de faire la route avec lui lors d’une tournée et l’a signé sur son label RealWorld (notez que l’analogie avec Joseph Arthur n’est pas anodine), Winston a enregistré "Hobo" à Paris au studio Pigalle. Si l’on excepte un essai autoproduit, c’est son premier vrai album mais il dénote déjà une grande maturité artistique.

Le trentenaire a de qui tenir : ses parents sont chanteurs, son frère Tom Baxter aussi, et il a appris la batterie à huit ans. Il a grandi dans un univers un peu bohème (un hôtel dans les Cornouailles, avec pas mal d’allers et venues, comme dans son univers musical), a visité l’Inde, et composé pour le théâtre pendant ses années londoniennes.

S’il tient la guitare, le piano et les claviers vintage, c’est son pote Ben Edwards qui s’occupe des harmonicas, tandis que la section rythmique française (Daniel Marsala et Medi) vient donner de l’épaisseur formelle à ses compositions qui sont déjà fortes dans le fond, et qui gagnent encore en excellence par le fait que l’album est produit et mixé par Mark Plati. Des cuivres ont été ajoutées à Londres, qui donnent encore à cet album un aspect déjà vieilli, un peu intemporel...

S’il distile souvent une soul empruntée à l’un de ses maîtres (les autres sont randy Newman et Tom Waits), il est aussi capable de composer des titres que Coldplay pourrait intégrer à son répertoire ("I love your smile") et les chanter lui-même avec un timbre à la Chris Martin. Il s’est choisi son pseudo avec les prenoms de Chaplin et Churchill, mais Charlie Winston n’est pas un charlot et ne nous promet pas du sang, de la sueur et des larmes. Juste un petit moment à frissoner en compagnie de ses chansons.