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 Kader Attou au CCN de La Rochelle

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Kassy
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Kassy


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MessageSujet: Kader Attou au CCN de La Rochelle   Kader Attou au CCN de La Rochelle EmptyMer 08 Oct 2008, 12:06

A choré à cri


Kader Attou. Beur lyonnais et écorché vif, le nouveau patron du Centre chorégraphique de La Rochelle, 34 ans, est le premier danseur hip-hop à accéder à un tel poste.


Kader Attou au CCN de La Rochelle Kader0-37122




Pas de bijoux bling bling : Kader Attou, chorégraphe, ne porte pas la panoplie qui désignerait son appartenance à telle ou telle communauté. Il est fils d’immigrés algériens et s’habille comme il l’entend, en «pas trop voyant». Le 5 septembre, lorsqu’il apprend qu’il est nommé à la tête du Centre Chorégraphique National (CCN) de La Rochelle, y succédant à Régine Chopinot, premier chorégraphe hip-hop à pouvoir occuper ce poste en France, il est bien sûr touché et fier. En simple chemisette et en pantalon noir, il a un petit sourire en coin qui en dit long sur sa gentillesse, mais aussi sur sa lucidité. «J’ai annoncé la nouvelle à ma mère. Elle m’a répondu : "Kader, si tu as de la monnaie sur toi, tu peux aller chercher du pain ?". Comment se réjouir outre mesure de quelque chose que l’on ne peut pas faire partager à ses parents ?» La colère n’a toujours pas disparu même si elle s’est atténuée au fil des années.

Kader Attou, nanti d’un front de bélier, est un révolté, un torturé, jamais en repos. Un simple détail le met en rogne : le nom d’un danseur oublié dans l’histoire de la compagnie, les confusions, les raccourcis, les amalgames. Il faut dire que ça a mal commencé. Il naît en 1974 à Lyon, à Grange Blanche, l’hôpital où accouchent la plupart des mères des quartiers périphériques, en l’occurrence celui de Saint-Priest. Et là, grande surprise : «A l’époque, on ne faisait pas d’échographie. On est arrivés à deux. Je suis venu après mon frère jumeau, je n’étais pas attendu. J’ai dû être réanimé parce que je ne parvenais pas à respirer. On m’a mis la tête en bas et j’ai pris la premièrefessée de ma vie».La suite était tracée, il lui faudrait jouer des coudes pour se faire sa place.

Le chemin est semé d’embûches, il se faufile. Bon élève, jusqu’à la sixième, inscrit par sa mère dans un centre d’arts martiaux, «parce que j’en avais marre de me faire taper par les copains», il se lance dans l’aventure du cirque. Il s’affirme, rêve d’entrer à l’école nationale du cirque et de devenir clown. Désillusion féroce en 1987. «A l’époque, il y avait une émission sur France 2, Tous à la une, qui mettait en avant un anonyme qui faisait des choses bien. Là, sur l’écran, je vois notre entraîneur. Pas les copains et moi. L’émission avait tout transformé. Il n’y avait plus de Kader, plus de Mourad. Ne restaient que les Blancs». Il quitte le centre d’entraînement. «Je me retrouve alors, raconte-t-il, avec une rage terrible, sans repères. J’avais foutu en l’air ma scolarité. Plus aucun lycée ne m’acceptait. Alors, pendant six mois, j’ai fait croire à ma famille que j’allais à l’école tous les matins. Je frappais à toutes les portes des structures d’insertion et enfin j’ai trouvé une place en secrétariat. Ça a duré deux ans.» Entre-temps, il revoit ses copains du judo et du cirque, qui ont vécu à peu près la même chose. La Marche des beurs est passée par là, la conscience politique s’éveille et la nécessité de reprendre l’espace confisqué se fait sentir.

Dès 1984, après l’émission de Sydney sur TF1, H.I.P. H.O.P., chaque dimanche, Mourad Merzouki, Eric Mézino, Chaouki et Kader Attou répètent ce qu’ils viennent de voir à la télé. Ils s’entraînent là où ils le peuvent. Kader est le plus fin de la bande, alors il «ventile» (se faufile) pour pénétrer dans un gymnase et ouvrir la porte aux autres. «Un gymnase pour nous tous seuls le temps qu’on voulait, c’était génial même si l’on dansait sans lumière. Sinon, c’était la pelouse.»

Un soir, tard, Kader Attou rentre chez lui. Sa mère l’attend. Elle lui demande de relever ses manches pour voir s’il ne se drogue pas. «Je n’ai pas compris tout de suite ce qu’elle voulait et puis une bombe atomique a explosé en moi. Un jeune qui sort le soir, c’est forcément pour faire des conneries, voler ou se droguer.»

De cet entraînement intensif naîtra le collectif puis la compagnie Accrorap en 1989. La danse prend de plus en plus d’importance.Mourad Merzouki, aujourd’hui directeur de la compagnie Käfig, se souvient de ces épiques débuts : «Quelquefois, on était soufflé. Il prenait des risques, il avait une forme d’inconscience et fonçait tête baissée. S’il fallait que quelqu’un chante, c’est lui qui prenait le micro, s’il fallait faire un spectacle juché sur des échasses, il le faisait, quitte à passer pour un rigolo. C’est lui, ça lui va bien et ça lui réussit.»

Créée à Lyon, en 1989, la première pièce de la compagnie, Athina connaît un succès immédiat. Hip-hop, cirque et classique se marient parfaitement. Guy Darmet, directeur de la Biennale de la danse, qui a toujours soutenu ce travail : «Kader, c’est un pionnier qui a su construire une descendance. Chaque fois que je le vois, je vois un ado. Dans le regard, dans le comportement. C’est un poète, un formidable conteur qui sait raconter les histoires d’aujourd’hui, celles des autres autant que les siennes.»

Les mots sont capitaux pour Kader Attou, qui parle trop bien le français, comme à l’école, en détachant chaque syllabe. Lorsqu’à l’adolescence, il découvre le lexique des injures raciales, il se pose de sérieuses questions et aujourd’hui, il ne mâche pas ses mots : «Je me souviens. Dès que mon père était face à l’institution, il disait quoiqu’il se passe : "Oui Monsieur"». Ces mots-là me font encore mal. On n’a pas arrêté de nous parler d’intégration mais notre génération n’était pas concernée. Ce sont nos parents qui se sont intégrés et ils ont vingt sur vingt, ils ont tout réussi. Mon père, c’était un artiste pour moi, il faisait les trois huit chez Renault et moi je pensais au grand huit de la fête foraine. Quand il avait un moment, il allait dans son jardin ouvrier. Je le suivais, je m’ennuyais comme un rat mort. Il plantait, c’était une façon de se rapprocher de son origine rurale. Le jardin ouvrier, c’était sa petite Algérie». Kader Attou ne supporte pas non plus le mot «exil». «En France, mon pays, on me parle d’intégration. En Algérie, le pays de mes parents, on me traite d’immigré. Ici ou là-bas ? Je suis comme une balle de ping-pong. Je rêve souvent d’une île au milieu de la Méditerranée où je serais chez moi. On me dit que j’ai le cul entre deux chaises mais non, je suis bien assis.»

Pour en finir avec l’incompréhension ambiante, il crée, en 1998, Prière pour un fou. Tout est dit dans cette pièce conçue comme un cri qui déchire un silence trop pesant et où l’on mesure sa relation profonde au sacré. Sans référence directe au religieux ou à la politique, même s’il est d’une famille musulmane pratiquante et de gauche. Dans ses combats, il n’oublie pas la défense du hip-hop, une danse mal comprise, longtemps associée aux quartiers difficiles, dite «danse de rue». «Là encore, il y a confusion. Le hip-hop peut être rural, c’est une danse internationale qui résonne jusque dans les clubs de remise en forme. Elle est au Brésil, à Bombay, à Gaza.»

Et maintenant, voici le hip-hop au CCN de La Rochelle dans le studio de La Chapelle Fromentin qui se veut lieu de partage pour l’émergence de nouveaux auteurs chorégraphiques. Pour Jean-Paul Montanari, directeur de Montpellier Danse, c’est une suite logique. «Kader, dit-il, est un des rares chorégraphes français qui fait un travail sans racine, dans la mémoire de ce qu’il est. C’est un des grands chorégraphes politiques actuels et je dis bien chorégraphe, pas chorégraphe hip-hop». Kader Attou va quitter son village de l’Ain pour La Rochelle, avec sa fille et sa compagne. Il aura vue sur la mer. Sa petite Algérie ?

(Libération.fr)


Dernière édition par Kassy le Mer 08 Oct 2008, 12:58, édité 1 fois
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Kassy
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MessageSujet: Re: Kader Attou au CCN de La Rochelle   Kader Attou au CCN de La Rochelle EmptyMer 08 Oct 2008, 12:52

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LucART
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MessageSujet: LucART DANSE studio   Kader Attou au CCN de La Rochelle EmptyDim 06 Sep 2015, 19:17

Bonjour à tous, je viens d'ouvrir une école de danse !!Il y a tous les niveaux, mais aussi des cours pour les pré-pro et les professionnels voici le lien:
lucartdanse.wix.com/studio
ou sur facebook : facebook.com/lucartdanse
à bientôt
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MessageSujet: Re: Kader Attou au CCN de La Rochelle   Kader Attou au CCN de La Rochelle Empty

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