Au large des côtes anglaises, une société off shore se fiche des règles élaborées par les Etats européens. La principauté de Sealand s'est constituée en Etat indépendant sur une ancienne plate-forme militaire désaffectée baptisée Roughs Tower.
A l'origine de cet « Etat », deux initiateurs, le prince Roy Bates et la princesse Joan âgés aujourd'hui de 78 et 70 ans. Ce couple a commencé à sévir dans les années 60 en diffusant de la Pop music sur une radio pirate dénommée Essex en défiant le monopole d'alors de la BBC. La radio fut fermée après une année d'exploitation. C'est alors qu'ils se sont installés sur cette plate-forme. Le 2 septembre 1967, la principauté de Sealand a été proclamée. En 1968, un tribunal anglais du comté de l'Essex s'est déclaré incompétent afin de les juger pour détention d'armes.
Dès lors, la principauté s'est dotée de tous les attributs d'une nation souveraine : un drapeau, une devise, Mare Libertas (la liberté sur la mer), une monnaie, le dollars sealandais, des passeports et une constitution (depuis le 25 Septembre 1975).
Cet Etat se trouvait au moment de sa création en dehors des eaux territoriales britanniques. Mais en 1987, la Grande-Bretagne a étendu ses eaux territoriales de 3 à 12 milles des côtes en vertu d'une convention des Nations Unies. Toutefois, cet élargissement n'était pas rétroactif. Or Sealand existait depuis 1967. La principauté de Sealand vit donc aujourd'hui grâce a un flou juridique qu'elle continue d'exploiter.
Le nom de Sealand a été cité dans de nombreuses affaires de faux passeports notamment en Allemagne et en Espagne. Il est vrai que des personnes peu scrupuleuses utilisent le nom de Sealand en émettant de faux passeports. Comme Sealand n'est pas reconnu à l'ONU, il est bien difficile de savoir si les passeports présentés lors des contrôles de frontière sont des vrais ou des faux (seulement 300 vrais passeports ont été délivrés contre 150.000 faux). Un groupe utilise Sealand comme prête nom pour se livrer à des activités illicites. A tel point que le gouvernement espagnol a décidé de diligenter une enquête internationale.
Ce flou et ce passé trouble se retrouve également sur l'Internet. Trois sites se réclament comme étant les sites officiels de Sealand : celui des allemands, celui de Trijillo et celui des Bates.
La santé du Prince l'a obligé à quitter Sealand (et à revenir en Angleterre ?). La principauté compte profiter du développement de l'Internet pour offrir un sanctuaire aux internautes. La société Havenco est placée sous la juridiction de Sealand et a signé en 2000 un accord avec la famille régnante. Tout sera donc permis sur la principauté. Seule restriction : les serveurs pédophiles seront interdit ainsi que les pirates.
Ce rêve libéral montre toutefois ses limites. L'Ile a été créée à la gloire d'un couple. Créer un Etat monarchique indépendant, c'est bien. Créer une entreprise ne dépendant d'aucune législation nationale, c'est encore mieux. D'ailleurs, de nombreux projets existent dans les cartons de milliardaires ou d'idéalistes fous sans rencontrer le succès escompté. Il est vrai qu'il n'est pas nécessaire de créer une île artificielle pour échapper au paiement de ses impôts. L'expatriation ou la fraude fiscale est souvent une solution plus simple.
De plus, la situation de l'Ile est juridiquement incertaine. Il est probable que si la Grande-Bretagne souhaitait éradiquer cette plate-forme de la mer, elle disposerait de tous les moyens nécessaires. Il est d'ailleurs fort probable que la communauté internationale ne s'émeuverait pas particulièrement du sort des Bates.
Or, comment imaginer que des individus dynamiques décident de s'installer sur une île sans être certain de sa pérennité...
(Sources: Journalechange&Knuttz)Site officiel:
http://www.sealandgov.org/